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Agaves, yuccas, palmiers de tous climats, cactées rustiques, bananiers, héliconias, fruitiers tropicaux, plantes originales...

   

Ariège, 27 décembre 1999,

des palmiers dans la tempête

Cet article est paru en septembre 2000 dans le n°26 du Palmier, revue des Fous de Palmiers à une époque où PALMARIS était "en germination". L'entreprise a bien failli ne pas reprendre, mais la passion a été plus forte que la fatalité.
L'intérêt de ce document réside surtout dans le bilan de résistance au froid des palmiers de toutes origines pour certains rarement testés dans ces conditions.

Avant la tempêtes du 27 décembre 1999

Quelques vues intérieures


Les tempêtes de fin décembre n'ont pas épargné grand monde et laisseront bien des mauvais souvenirs à leurs victimes. J'habite un petit village dans le Nord de l'Ariège, à 50km au sud de Toulouse et j'avais une collection de 221 espèces de palmiers comportant près de 3000 plants. Commencée en 1994, cette collection botanique a été essentiellement obtenue de semis et de l'achat de plantules. Le 27 décembre 1999, elle a subi de plein fouet les assauts du vent puis les rigueurs de l'hiver qui a suivi. Cette note a pour but, outre de tirer un trait définitif sur cet épisode malheureux, d'en extraire le peu de positif : quelques informations supplémentaires sur la résistance au froid d'espèces qui n'y sont a priori pas préparées.

le 28 décembre... le chaos...

C'est sous l'effet des toutes premières rafales à 150 km/h, le 27 décembre 1999 vers 19h30 que mes serres ont été éventrées. L'installation comportait 3 serres. La plus grande, au climat tropical, était un tunnel de 8m x 20m à double paroi gonflable où ne régnait jamais moins de 12°c. Elle abritait une petite serre équatoriale de 4m x 4m à double paroi de plastique-bulles où je maintenais un minimum de 22°c. À côté du grand tunnel, dans son prolongement, je conservais les palmiers les plus résistants dans un petit tunnel a paroi simple de 15m x 3m. Il n'y faisait jamais moins de 8°c. La température dans les 2 tunnels était maintenue par un gros chauffage au fuel à air pulsé. Dans la petite serre équatoriale, le complément de chaleur était apporté et géré par un chauffage à pétrole et un chauffage électrique. L'ensemble, situé depuis 1998 sur un terrain en pente vers l'ouest à proximité de la maison, hébergeait mes collections botaniques : cactées, euphorbes, agaves, aloès, solanacées, cycadacées et bien sûr palmiers, soit environ 500 espèces en 4000 plants. Sur toute la surface, le grand tunnel tropical les plantes étaient en pleine terre sur sol argilo-calcaire allégé de 25% de sable. Cela n'empêchait pas la présence d'étagères suspendues latéralement tout au long de la structure et chargées d'autres espèces en pots.

Sortant de ma torpeur le matin du 28 décembre, je constatais les dégâts. Le grand tunnel était aplati comme par un gigantesque coup de point. Son faîtage avait était ramené par la colère d'Eole de 3,50m à 1m ! Sa bâche double était encore fixée au sol du côté Ouest, mais était affreusement déchiquetée côté Est après avoir claqué comme un drapeau toute la nuit. Les 2 extrémités du tunnel étant désarticulées, l'air extérieur s'engouffrait sur presque 3 côtés !
Observable par une déchirure, la petite serre équatoriale n'était plus qu'un méli-mélo de pots vides, terreaux et plantules truffé d'étiquettes orphelines. Quant au petit tunnel, sa bâche était réduite en confettis dispersés sur le terrain à l'Est de son squelette plié.

Que faire ? Après quelques heures de découragement, tandis que des amis s'occupaient de bâcher la toiture éventrée de la maison, j'entamais un rapide bilan. Les dégâts sur les plantes en pleine terre dans le grand tunnel seraient effacés par le temps. Je tirerai au moins des boutures des succulentes les plus abîmées. Parmi les plantes en pots, nombreuses étaient celles encore intactes. Que faire face à l'hiver qui commençait ? La météo n'annonçait pas de gelée imminente, j'avais quelques jours pour réagir, mais peu de temps libre durant ces quelques jours. Le 28 même, j'arrachais les cycadacées qui étaient toutes en pleine terre dans le grand tunnel et qui pouvaient patienter quelques semaines à racines nues. Le 1er de l'an 2000, je redressai les arceaux du petit tunnel, rabâchais la structure et y entassais les jours suivants tous les palmiers en pots que je sortais des décombres, avec une priorité pour les espèces les plus résistantes au froid. Je considérais a priori comme perdue toute la flore équatoriale et n'en sauvais que quelques échantillons de chaque espèce. Le chauffage au fuel fut exhumé et rebranché dans ce petit tunnel de fortune. Il maintenait la température oscillante entre 15°c et 28°c car sa puissance était surdimensionné par rapport au volume.

Vers le 10 janvier, des gelées matinales revinrent et firent descendre la température sous la bâche du grand tunnel à -4°c. La veille d'une forte gelée annoncée (-8°c), avec l'aide d'un ami non-palmophile, mais à qui je dois beaucoup (merci César), sous la lueur de projecteurs aveuglants et sous une pluie glacée, nous recouvrîmes le grand tunnel d'une bâche de plastique en 4 éléments juxtaposés (c'est tout ce que j'avais trouvé chez les fournisseurs dévalisés). Mon espoir était d'atténuer les effets de l'hiver jusqu'en avril. L'installation était d'une grande précarité et ne comprenait aucun chauffage.
Dans les semaines qui suivirent, la pluie emplit des poches sur les bâches ce qui eu pour effet de les retrousser. Mi-février, après m'être acharné plusieurs fois après chaque pluie ou coup de vent à remettre ces 4 bâches en place au milieu des décombres de la grande serre, je baissais les bras et laissais le tout en l'état. La grande serre resta donc mal couverte par la suite. Je dois dire aussi a ma décharge que fin janvier, le gros chauffage au fuel donna des signes de fatigue et qu'il tomba en panne définitivement mi-février ! C'en était trop et je faisais péniblement le deuil de mon installation et de mes collections botaniques, ou presque … puisque j'arrosais quand même régulièrement les plantes en pot encore vivantes.

Par chance, l'hiver ne fut pas trop rigoureux. Les températures les plus froides que j'enregistrais au plus protégé de ce qui restait de mes installations furent de -4°c. Mais cette limite fut atteinte au moins 3 fois ! Et la température passa en tout 6 fois sous 0°c dans toute l'installation. Il dégela toujours rapidement dans la journée qui suivit chaque gelée. Toutes les plantes qui font l'objet de cette note ont donc subi ces gelées.

Parmi les 221 taxons de ma collection de palmiers, quelques-uns étaient placés ailleurs, en des lieux qui n'ont pas souffert de la tempête. 205 ont réellement subit les 3 gelées à -4°c. Fin avril, je débâchais toutes les serres et sortait les plantes survivantes en les reclassant. Certaines furent mises en plein soleil, d'autres installées à l'ombre en fonction de leurs exigences écologiques. A cette époque, un premier bilan m'appris que plus de 50 espèces de palmiers avaient succombé immédiatement aux gelées. D'autres montraient une résistance inattendue. En juin, j'attaquais la remise en pot des plants de pleine terre qui avaient fait un démarrage fulgurant après un mois au grand soleil. Mi-juillet, je terminais le bilan qui fait l'objet des listes qui suivent.

Discussion

1) Je croyais les Acanthophoenix crinita et les Dictyosperma album plus résistants. Ils sont morts très rapidement .


2) Je croyais les Nannorhops formes bleues moins résistants, en pleine terre comme en pot, ils ont tenu le coup avec quelques feuilles roussies.


3) Les plantules si grêles de Coccothrinax et de Copernicia de République dominicaines ont parfaitement résisté. Seules quelques-unes d'entre elles sont mortes.


4) Je ne donnais pas cher des Roystonea si grêles qui pourtant n'ont pas souffert.


5) Idem pour les plantules très belles à ce jour de Criosophila warscewiczii.


6) Trachycarpus martianus en pleine terre et âgé de 4 ans a parfaitement tenu. Le semis quant à lui a gelé de suite.


7) Sur 50 plants de Latania lontaroides, 46 ont gelé de suite, 4 ont tenu jusqu'en avril et un seul reprend 6 mois plus tard !


8) Sur 5 plants âgés de 4 ans de Hyophorbe lagenicaulis, un "phénomène" a résisté et me fait une belle feuille rougeâgre en ce moment (juillet 2000) !


9) Tous les Sabal, Brahea, Livistona, Archonthophoenix ont bien tenu (à 3 fois -4°c, rappel !).


10) Chez les Licuala, certaines espèces sont résistantes. Licuala ramsayi et Licuala spinosa notamment.


11) La mort rapide de certains plants peut surprendre, mais elle peut être attribuée au fait qu'ils étaient affaiblis par un repiquage récent ou une mauvaise santé. C'est le cas pour les plants de pleine terre de Ravenea rivularis, Thrinax morrissi, Rhapidophyllum hystrix (très surprenant car résistance données au delà de -20°c), Archonthophoenix cunninghamiana illawara, Wodyetia bifurcata, Linospadix minor et Arenga pinnata.


12) La nature a rapidement fait son choix et il y a moins de plants entre la vie et la mort que je pouvais l'attendre. Signalons curieusement cette plantule de l'équatorial Johannesteijmannia altifrons dont je ne donne pas cher actuellement car il serait en meilleure convalescence en serre que dehors en ce froid juillet ariégeois. Peu d'espoir pour les 3 Chamaedorea tepejilote dont les hautes tiges ont gelé et qui ne pourront repartir que de rejets à partir du collet encore vert (les rejets sont exceptionnels chez cette espèce).

Mon désir est plus que jamais de remonter une structure de culture et de continuer la multiplication de nouveaux palmiers. Je ne suis pas sûr de réaliser ce rêve avant l'hiver prochain et j'étudie une solution de secours. L'espoir fait vivre !

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Liste des taxons dont des plants ont bien survécu à l'hiver


Acoelorrhaphe wrightii,
Allagoptera arenaria,
Archontophoenix alexandrae,
Archontophoenix cunninghamiana,
Archontophoenix "Myola River",
Archontophoenix purpurea,
Archontophoenix tuckeri,
Arenga engleri,
Bismarckia nobilis,
Brahea aculeata,
Brahea armata,
Brahea brandegeei,
Brahea dulcis,
Brahea edulis,
Brahea nitida,
Butia capitata,
Butia capitata "strictior",
Butia eriospatha,
Butia paraguayensis,
Butia yatay,
Calamus caryotoides,
Carpentaria acuminata,
Caryota gigas,
Caryota mitis,
Caryota obtusa,
Caryota ochlandra,
Caryota rumphiana,
Caryota urens,
Ceroxylon echinulatum,
Chamaedorea graminifolia,
Chamaedorea klotzschiana,
Chamaedorea radicalis,
Chamaerops humilis,
Chamaerops humilis cerifera,
Chambeyronia macrocarpa,
Chrysalidocarpus lutescens,
Coccothrinax argentata,
Coccothrinax argentea,
Coccothrinax barbadensis,
Coccothrinax crinita,
Coccothrinax fragrans,
Coccothrinax scoparia,
Copernicia berteroana,
Copernicia prunifera,
Criosophila warscewiczii,
Cyphophoenix elegans,
Dypsis decipiens,
Guihaia argyrata,
Howea belmoreana,
Howea forsteriana,
Hyophorbe lagenicaulis,
Hyophorbe verschaffeltii,
Jubaea chilensis,
Jubaeopsis caffra,
Kentiopsis oliviformis,
Latania lontaroides,
Licuala ramsayi,
Licuala spinosa,
Livistona australis,
Livistona chinensis,
Livistona decipiens,
Livistona fulva,
Livistona jenkinsiana,
Livistona lanuginosa,
Livistona mariae,
Livistona muelleri,
Livistona rigida,
Livistona saribus,
Nannorrhops ritchiana,
Nannorrhops ritchiana
(forme bleue),
Neodypsis decaryi,
Parajubaea cocoides,
Phoenix acaulis,
Phoenix canariensis,
Phoenix canariensis
fruits rouges,
Phoenix dactylifera,
Phoenix dactylifera
"bleu",
Phoenix golkoy,
Phoenix hanceana,
Phoenix loureirii,
Phoenix reclinata,
Phoenix robusta,
Phoenix roebelenii,
Phoenix rupicola,
Phoenix sylvestris,
Phoenix theophrasti,
Pseudophoenix sargentii,
Ravenea rivularis,
Rhapidophyllum hystrix,
Rhopalostylis sapida,
Roystonea regia,
Sabal bermudana,
Sabal etonia,
Sabal mauritiiformis,
Sabal mexicana,
Sabal miamiensis,
Sabal minor,
Sabal palmetto,
Sabal "
Riverside",
Sabal rosei,
Sabal uresana,
Sabal yapa,
Serenoa repens,
Syagrus romanzoffiana,
Syagrus schizophylla,
Thrinax morrissi,
Trachycarpus latisectus,
Trachycarpus martianus,
Trachycarpus takil,
Trithrinax acanthocoma,
Trithrinax biflabellata,
Trithrinax brasiliensis,
Trithrinax campestris,
Trithrinax schyzophylla,
Wallichia densiflora,
Wallichia disticha,
Washingtonia filifera,
Washingtonia robusta,
Wodyetia bifurcata,
Zombia antillarium

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Liste des taxons dont tous les plants sont morts suite à l'hiver


Acanthophoenix crinita
Aiphanes caryotifolia,
Areca catechu,
Arenga australasica,
Arenga hookeriana,
Arenga pinnata,
Astrocaryum urostachys,
Attalea phalerata,
Bactris gasipaes,
Calamus manillensis,
Caryota ophiopelis,
Chamaedorea pauciflora,
Cocos nucifera,
Copernicia hospita,
Copernicia macroglossa,
Copernicia rigida,
Copernicia tectorum,
Cyrtostachys renda,
Cyrtostachys sp1 Bornéo,
Dypsis madagascariensis,
Dypsis onilahensis,
Euterpe oleracea,
Gaussia maya,
Gaussia princeps,
Hyospathe elegans,
Iriartea deltoidea,
Kerriodoxa elegans,
Laccospadix australasica,
Latania loddigesii,
Latania verschaffeltii,
Licuala malayana,
Mauritia flexuosa,
Oenocarpus bacaba,
Oenocarpus bataua,
Pinanga kuhli,
Pseudophoenix vinifera,
Reinhardtia gracilis,
Socratea exorrhiza,
Siphokentia beguinii,
Synechanthus fibrosus,
Thrinax excelsa,
Thrinax parviflora,
Thrinax radiata,
Veitchia montgomeryana,
Welfia regia,
Wettinia maynensis.

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Espèces dont des plants ont leur croissance bloquée depuis les gelées


Chamaedorea neurochlamys
Chamaedorea oblongata
Chamaedorea tepejilote
Chrysalidocarpus lutescens
Howea belmoreana
Johannesteijmannia altifrons
Latania lontaroides
Neodypsis decaryi
Sabal rosei
Wodyetia bifurcata

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Esèces dont une partie seulement des plants sont morts suites aux gelées


Acoelorrhaphe wrightii
Archontophoenix alexandrae
Archontophoenix cunninghamiana "Illawara"
Bismarckia nobilis
Brahea decumbens
Carpentaria acuminata
Caryota mitis
Ceroxylon cerifera
Ceroxylon ventricosum
Chamaedorea linearis
Chambeyronia macrocarpa
Coccothrinax argentea
Coccothrinax crinita
Coccothrinax gracilis
Coccothrinax mariguama
Coccothrinax spissa
Dypsis decipiens
Howea forsteriana
Hyophorbe lagenicaulis
Hyphaene coriacea
Hyphaene petersiana
Hyphaene sp Congo
Latania lontaroides
Licuala grandis
Licuala ramsayi
Linospadix minor
Livistona rotundifolia
Lytocaryum weddellianum
Neodypsis decaryi
Polyandrococos caulescens
Pritchardia beccariana
Pritchardia hillebrandii
Pseudophoenix vinifera
Ptychosperma elegans
Ptychosperma macarthurii
Ptychosperma waitianum
Ravenea glauca
Ravenea xerophila
Rhapidophyllum hystrix
Rhopalostylis baueri
Syagrus amara
Thrinax morrissi
Trachycarpus martianus
Wallichia densiflora
Wallichia disticha
Wodyetia bifurcata